Une belle soirée qui s’entame, vous êtes prêts à vous lancer dans vos occupations quand soudainement, vous entendez un cri strident provenant de la chambre de votre adolescent… Eh non, ce n’est pas le scénario d’un film d’horreur, mais seulement votre enfant qui joue à son nouveau jeu vidéo! Ce n’est pas la première fois que vous êtes témoins de ce genre de comportement dans ce contexte… Que faire? Pourquoi agit-il comme ça? Pendant cette période remplie de défis qu’est l’adolescence, votre enfant se retrouve parfois à vivre des émotions fortes sans nécessairement savoir comment les gérer. Les jeux vidéo en sont-ils la cause? Pas nécessairement… Il faut comprendre la source de sa colère et pourquoi elle surgit pendant ces moments de jeu.
Cet article a été rédigé à l’aide de notre incroyable technicien en éducation spécialisé, enseignant et étudiant en psychoéducation, David!
Les mécanismes dans les jeux vidéo
Avant toute chose, il est important d’établir certains concepts dans les jeux vidéo d’aujourd’hui. Les jeux en ligne ont un seul et unique but: faire jouer les utilisateurs le plus longtemps possible. Pour ce faire, les jeux ont essentiellement mis en place des mécanismes d’addiction. Par exemple, des récompenses quotidiennes sont données à ceux qui se connectent chaque jour. Les jeux vidéo vont aussi faciliter et encourager le lancement d’une nouvelle partie dès qu’une est terminée. À l’inverse, ils vont pénaliser les utilisateurs qui quittent des parties en cours en les bannissant temporairement du jeu ou même de façon permanente!
Il est donc important de comprendre que bien qu’il soit question d’un simple jeu vidéo, les jeunes peuvent se sentir réellement «emprisonnés» par les mécanismes du jeu.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les enfants ne veulent pas quitter tant et aussi longtemps que leur match n’est pas terminé. Ils craignent davantage la menace instantanée du jeu vidéo, que la vôtre, de le priver de sa sortie entre amis dans 2 semaines.
On espère que ces concepts éclaircissent un peu votre compréhension des jeux vidéo et vous font comprendre l’étrange réalité que les jeunes vivent.
Les raisons de la colère :
La colère est une émotion taboue dans notre société, souvent vue négativement. Pourtant, comme toutes les émotions ressenties, la colère est là pour exprimer ou combler un besoin. Dans ce sens, lorsque votre enfant vit de la frustration pendant qu’il joue aux jeux vidéo, c’est parce que ça répond à un besoin du moment! S’échapper d’un événement passé? Une irritation en lien avec un sujet spécifique? Peut-être en lien avec le jeu directement? Les raisons possibles sont diverses et sont importantes à discerner pour mieux comprendre votre enfant.
Les raisons liées au jeu
Certains enfants peuvent ressentir du stress et de la pression pour réussir dans le jeu, surtout s’ils ont investi beaucoup de temps et d’efforts dans celui-ci. Imaginez passer des centaines d’heures à pratiquer le tricot, et de rater complètement un chandail! C’est le même sentiment qu’un jeune peut ressentir en échouant une étape cruciale dans son jeu. Le stress ou l’anxiété peuvent entraîner un amalgame d’émotions négatives ou une mauvaise gestion de celles-ci pendant le jeu, ce qui peut entraîner des explosions de colère lorsqu’ils sont confrontés à des défis ou à des obstacles.
Pour d’autres, la colère est causée par des éléments qu’ils ne peuvent contrôler. Quand vous écoutez un film et que la vidéo cesse de fonctionner aux 10 secondes, difficile de garder son calme, n’est-ce pas? 😂 Eh bien c’est la même chose pour votre jeune sur ses jeux vidéo! Voici quelques exemples d’éléments assez communs qui pourraient frustrer votre enfant lorsqu’il joue à ses jeux:
- La compétition: si votre enfant ne parvient pas à surmonter certains niveaux ou perd contre ses adversaires de manière régulière, ce peut être frustrant pour lui, particulièrement s’il est compétitif!
- La difficulté du jeu: ce peut être frustrant pour un jeune s'il estime que le jeu est injuste envers lui ou s'il trouve que les règles du jeu ne sont pas équitables.
- L’ego: Ce peut être fâchant pour un enfant de rater son coup dans son jeu vidéo devant tous ses amis… Encore pire si c’est ce qui leur a fait perdre la partie!
- Problèmes techniques: bugs de console, jeu qui plante, connexion Internet instable… Parfois, certaines circonstances peuvent faire en sorte qu’il est difficile de faire fonctionner le jeu correctement. Ça peut évidemment rendre un jeune en colère s’il avait hâte de pouvoir progresser dans son jeu préféré!
- LE COMBLE DE LA FRUSTRATION: se faire débrancher l’Internet PENDANT une partie alors que l’on est à quelques secondes de la victoire… Si vous pensiez que ça allait régler la situation avec votre jeune, au contraire, c’est comme ajouter de l’huile sur le feu!
Les raisons externes
Pour certains jeunes, les raisons derrière leur colère n’a rien à voir avec les jeux vidéo, bien qu’elle se manifeste pendant qu’ils y jouent. L’adolescence est une période de croissance qui amène des émotions difficiles à gérer et qui sont parfois irrationnelles. Si votre jeune n’exprime pas ses sentiments lorsqu’il lui arrive des événements frustrants, il se peut très bien que ça ressorte lors de ses jeux. Voici quelques exemples d’événements externes stressants qui peuvent l’amener à se frustrer dans ses jeux vidéo:
- Une chicane entre amis
- Une peine d’amour
- Une mauvaise note dans son examen
- Le départ d’un de ses professeurs préférés
- Le bal des finissants qui approche
- Des choix importants à prendre (choix de cours en secondaire 4, choix de carrière en secondaire 5)
Comment gérer cette explosion d’émotions?
La meilleure façon de prévenir ces sautes d’humeur pour votre enfant est qu’il en comprenne la source. Pour ce faire, il peut être pertinent pour lui d’en parler dans un contexte approprié.
Un bon contexte serait en auto en revenant de l’école: c’est un endroit calme sans confrontation, étant donné l’absence des contacts visuels. Selon nos expériences, c’est un contexte qui va souvent favoriser l’ouverture des jeunes. L’absence de contact visuel direct peut en effet rendre votre enfant plus enclin à s’ouvrir.
Un autre bon contexte est lorsque vous faites un loisir ensemble (jouer au hockey dehors, cuisiner, jouer aux jeux vidéo ensemble, etc.) Pour avoir une ouverture de la part de votre jeune, on insiste vraiment sur un environnement décontracté et sans confrontation.
Lorsque vous êtes dans un tel contexte, on vous suggère d’avoir une communication ouverte avec votre enfant qui suscite la confiance, l’ouverture et la sécurité. Ça permet à votre enfant de ventiler, d’exprimer ses besoins et de se confier. Voici des petites stratégies et des mots à utiliser qui facilitent la communication:
- Écouter activement les préoccupations de votre enfant et lui fournir un espace pour s'exprimer. Répétez ce qu'il dit, en faisant des gestes encourageants, et en lui donnant l'assurance que vous comprenez ses préoccupations.
- Encouragez votre enfant à partager ses sentiments en posant des questions ouvertes telles que « Comment te sens-tu lorsque tu joues à ce jeu? » ou « Qu'est-ce qui te frustre le plus pendant que tu joues? »
- Validez les émotions de votre enfant, même si vous ne les comprenez pas toujours. Par exemple, vous pourriez dire: « Je comprends que tu te sentes frustré lorsque tu perds au jeu. C’est vrai que c’est fâchant de perdre quand on y a mis beaucoup d’efforts. ».
- Partagez vos propres expériences: Montrez à votre enfant que vous aussi, vous pouvez être vulnérable en partageant vos propres expériences de frustration ou de colère. Cela peut aider votre enfant à se sentir moins seul dans ses émotions. Par exemple, vous pourriez dire: « Je me sens frustré comme toi lorsque j'essaie de réparer quelque chose dans la maison et que ça ne fonctionne jamais ».
- Encouragez votre enfant à participer à la recherche de solutions aux problèmes liés à sa colère pendant le jeu vidéo. « Qu’est-ce qui t’aide à te calmer dans la vie? ». « Comment est-ce qu’on pourrait intégrer ça quand tu te fâches dans tes jeux?»
Et voici des contre-exemples À NE PAS FAIRE pour essayer de diminuer la colère de votre enfant:
- Confronter son jeune à table, devant ses frères et sœurs. Les chances qu’il s’ouvre à vous sont presque nulles s’il se sent attaqué.
- Couper la connexion Internet en pleine partie pour qu’il arrête de jouer. En plus de sentir que vous êtes fâchés, il sent qu’il abandonne son équipe. Il était peut-être en train de battre un de ses records personnels ou en pleine réalisation d’une prouesse sur laquelle il travaille depuis des mois. Avertissez le plutôt d’avance de l’heure du souper par exemple et établissez un plan de match ensemble. Vous pouvez également aller le voir et lui annoncer que c’est sa dernière partie, puis la regarder avec lui! Il n’aura pas le choix d'arrêter après et vous pourrez lui poser des questions sur son jeu.
- Mépriser son passe-temps et lui dire que ses jeux vidéo, « Ça ne sert à rien ». De telles paroles peuvent affecter l’estime de soi et auront tendance à pousser votre jeune à se renfermer encore plus. S’il sait que vous détestez sa passion, il n’aura pas le goût de vous en parler.
Et si la communication saine ne fonctionne pas?
Il peut être possible que votre enfant ait quand même des frustrations qui surgissent malgré une communication saine entre vous. Après tout, il n’ont pas encore la maturité nécessaire pour bien réguler leurs sentiments, c’est tout à fait normal! Cependant, ce genre de situation nécessite un encadrement afin d’outiller votre enfant pour l’aider à gérer ses émotions.
Vous pourriez établir des limites sur ce à quoi et quand votre enfant peut jouer. Lorsque les limites sont claires et cohérentes en matière de temps de jeu et de contenus appropriés, l’enfant se doit de respecter vos attentes. On vous suggère de collaborer avec celui-ci pour organiser son horaire de jeu afin qu’il ne voit pas ce cadrage comme une conséquence. Offrez-lui aussi de la variété, des jeux qui varient dans le niveau de difficulté, consultez le sur ce qu’il préfère afin qu’il soit motivé et intéressé. Après tous ces changements, observez et appréciez ce que vous avez établi avec votre enfant.
Lorsque vous voyez un changement dans son comportement, nommez-le! Quand les remarques sont immédiates et concrètes, on favorise la réalisation par l’enfant de son propre cheminement. Il va voir par lui-même qu’il évolue (Il va devenir plus autonome par la suite, c’est positif !).
Une autre méthode efficace : Encourager les pauses cognitives ou le retrait
Quand on se sent débordé par nos émotions, prendre une pause peut être très bénéfique pour se calmer. Cependant, comme mentionné plus haut, il est parfois difficile d’arrêter une partie en cours. Quand votre jeune se fâche, laissez-le finir sa partie, puis prenez la pause ensuite! Le retrait est une méthode efficace qui permet d’aider à identifier ses propres limites venant de nos émotions du moment. C’est ainsi que l’on peut mieux cerner les raisons précises qui nous ont fait déborder d’émotions, et ainsi améliorer sa conscience de soi. En prenant une pause, votre enfant pourra se calmer et avoir un moment pour réfléchir. Il pourra ainsi penser aux raisons pour lesquelles il était irrité et mieux se comprendre, pour éventuellement trouver des solutions à ces émotions. S’il semble calme après sa pause, vous pouvez même l’encourager à retourner jouer une partie ou deux pour voir si ça se déroule mieux!
Ce type de pauses permet de modéliser un comportement sain pour votre enfant. La colère est un vecteur de changement. En aidant votre jeune à identifier les raisons derrière sa frustration, ça lui permet de lui donner sens à ce qui le dérange.
En résumé
Lorsque votre enfant démontre de la colère dans ses jeux vidéo, prenez le temps de bien cerner son besoin véhiculé par cette émotion. Assurez-vous de donner place à la colère afin de l’apprivoiser et de l’utiliser à bon escient. On vous encourage à être patient et persévérant dans l’établissement des stratégies présentées plus hautes! Vous allez certainement observer des progrès avec votre enfant.
Et surtout, n’oubliez pas d’être indulgent avec vous-même. Bien que vous faites de votre mieux avec votre enfant, ça peut parfois ne pas avoir l’effet escompté. Vous apprenez autant que lui à être parent! C’est à travers les erreurs que vous allez observer de l’amélioration. Chaque enfant est unique et ça peut prendre du temps pour trouver ce qui fonctionne le mieux pour votre famille.
Pour aller plus loin
Vous vous êtes reconnu dans l’article? Vous aimeriez essayer toutes ces méthodes, mais vous ne savez pas trop par où commencer? Essayez notre programme d’encadrement! Les commentaires sont unanimes: c’est un moyen fantastique de retrouver une dynamique familiale harmonieuse.
Au rythme de blocs de 6 semaines, les jeunes ont la chance de développer plusieurs compétences:
- Utiliser les jeux vidéo comme moteur d’apprentissage
- Évoluer dans un milieu sain et encadré
- Se faire des amis et suivre des modèles positifs
- Développer des compétences transversales comme l’esprit d’équipe, la communication, l’équilibre et plus encore.
Pour un essai gratuit et sans engagement, c’est juste ici!